Vue d’en bas ou du village, l’évolution du chantier n’est pas évidente. Et pourtant cet édifice de cinq siècles retrouve bel et bien sa jeunesse d’antan. Prenons un peu de hauteur pour voir tout le travail qui s’y est fait.
À la fin du XVIIIe siècle le clocher perd sa flèche, et depuis rien de sérieux ne l’a remplacée. Le dernier étage du clocher, la fameuse chambre des cloches, était à ciel ouvert depuis plusieurs décennies : il manquait une véritable toiture. L’eau s’infiltrait entre les pierres et traversait la structure pour couler le long des murs intérieurs. Ces conditions favorisaient une prolifération sauvage de la végétation. La mise hors-d’eau était devenue une urgence !
Au printemps, les tailleurs de pierres ont repris le sommet du clocher : les arases. Visibles de loin, elles ressemblent à des colonnes ou à des créneaux. Laissées en l’état lors de l’interruption du chantier vers 1550, elles correspondent au départ d’une deuxième série de fenêtres, jamais achevée. Chacune d’elles a été protégée par une couverture de plomb réalisée avec art par les ferblantiers : découpe, ajustement et soudure sur place.
En Juin, une toiture centrale a été construite au dessus de la chambre des cloches, cachée entre les baies du premier étage et les arases pour que le clocher ne change pas d’aspect extérieur. Après un long travail de préparation en atelier, les charpentiers ont posé la toiture. Livrée en pièces détachées, la charpente a été montée en quelques heures : les poutres, mesurées au millimètre près, s’emboîtaient parfaitement. Depuis, les ferblantiers ont recouvert l’ensemble de cuivre étamé. Pour couronner cette œuvre d’art, a été placée sur le sommet une relique de sainte Thérèse de Lisieux (patronne de notre paroisse), qui veille désormais sur l’abbaye et le village.
L’escalier à vis qui permet d’accéder à la chambre des cloches, est lui aussi recouvert d’une petite toiture en plomb que les charpentiers ont dû auparavant refaire. Étant la partie la plus haute du clocher et du village, nous y avons installé un paratonnerre.
Enfin, dans le beffroi, les meneaux (colonnes centrales) des fenêtres ont été restaurés. Il n’en restait que la base. Leur mise en place a permis l’installation toute récente des abats-sons ; ce qui achève ainsi la mise hors-d’eau complète du clocher.
Lorsque les travaux reprendront, il restera à finir la reconduite des eaux pluviales notamment par la pose des gargouilles en cours de réalisation. Depuis mars 2019, les tailleurs de pierre ont travaillé en reprenant les arcs-boutants et l’ensemble des têtes de contre-forts. A voir dans un prochain article…