Après vous être engagé en faveur de l’abbaye de Sénanque vous venez désormais en aide à l’abbaye de Lagrasse. Pourquoi cet engagement ?
Je m’amuse souvent à dire que j’ai été touché par Lagrasse dès ma première visite lors de mon émission Le village préféré des Français. Ce magnifique village médiéval est né auprès de l’abbaye, sous sa protection, dans une exceptionnelle petite vallée des Corbières. On ne peut pas résister à ce site.
Votre action pour le patrimoine est connue et reconnue. En quoi la sauvegarde du patrimoine religieux vous semble-t-il particulièrement important ?
Tout le patrimoine en général est à sauvegarder ! Le patrimoine religieux l’est à double titre : il est à la fois cultuel et culturel. Il puise ses racines dans la tradition et une certaine spiritualité. Il raconte notre histoire commune, qui nous sommes, d’où nous venons. Un peuple qui ne sait pas d’où il vient ne sait pas où il va.
Je crois que le patrimoine est d’une manière générale une façon de nous réconcilier avec notre histoire et notre passé. Le patrimoine appartient à tous, il doit être un lieu d’unité. Dès leur arrivée en 2004, les chanoines ont ouvert l’abbaye aux visites et particulièrement aux gens du village qui étaient tristes de plus pouvoir y entrer : ils ont eu raison, c’était la première chose à faire ! Le patrimoine est un lieu de rencontres. Le lieu crée du lien
Une abbaye comme celle de Lagrasse ne peut pas ne pas être ouverte aux visites ?
Absolument! Le patrimoine religieux touche les gens au cœur … même s’ils n’en sont pas conscients.
Le patrimoine touche tout le monde, les grands comme les personnes plus modestes. C’est important ! Visiter une abbaye comme celle de Lagrasse c’est parcourir 1000 ans d’histoire à travers l’architecture. Le patrimoine devient ainsi une porte d’accès facile et sans effort pour tous à l’art, l’histoire, la culture en général. Une abbaye comme celle de Lagrasse est un formidable facteur d’égalité culturelle.
D’ailleurs elle n’est pas seulement un facteur d’égalité culturelle efficace! Le patrimoine est également un facteur d ‘égalité entre les zones rurales et urbaines. On l’oublie trop souvent ! Depuis 2004 par exemple, la restauration de l’abbaye de Lagrasse est menée essentiellement par des entreprises locales et l’abbaye attire beaucoup de touristes. L’abbaye dynamise toute l’économie locale rurale.
Avec une communauté religieuse installée en ses murs, l’abbaye n’est-elle pas réservée à un tourisme chrétien ?
Je ne le pense vraiment pas ! A Sénanque, à Lagrasse comme en d’autres bâtiments religieux occupés par des communautés, lorsque vous vous présentez on ne vous demande pas si vous êtes croyant ou non. Les religieux vous ouvrent leur porte et vous accueillent. Le contraire serait d’ailleurs choquant et opposé à l’histoire des abbayes : depuis le Moyen-Age les abbayes ont toujours été des lieux d’hospitalité et même de refuge.
Je pense qu’une communauté pour une abbaye est au contraire un formidable atout ! Le bâtiment est vivant. On comprend tout de suite son but, les raisons qui ont motivé sa construction, son architecture, sa décoration, etc.. Les murs résonnent différemment, le silence parle . Tout prend son sens !
Visitez l’abbaye avec un jeune chanoine souriant qui aime son abbaye et vous verrez … votre visite , que vous soyez croyant ou non, deviendra une extraordinaire expérience qui vous fera aimer le patrimoine !
De plus, et c’est un ajout majeur, la communauté des chanoines est jeune … ce n’est pas si courant dans l’Eglise catholique. Cette jeunesse garantit une restauration appelée à durer ! Contribuer à la restauration de l’abbaye est un investissement pour les générations futures . Les pierres de l’abbaye parleront pour nous lorsque nous ne serons plus là ! C’est également cela le patrimoine.